© Stefania Beretta (CH-1957)
Paris Noir, Rue de Chateâu 1994
Kentmer paper
Le Paris de…
par Jean-Claude Lemagny
Le Paris de Stefania Beretta est un Paris visionnaire et intemporel qui pourrait être celui des Misérables de Hugo. Ils semble que ces rues ont vu les barricades de 1848, une atmosphère tragique flotte ici encore, et l’héroïsme désespéré des guerres civiles, et le grand silence d’après la bataille. Mais par moments c’est au Paris de Nerval que nous pensons, lorsque nous regardons vers le ciel et ses envolées de colombes. Un ciel où pourraient bien apparaître des visions de délire, et des fées en calèche. Paris de Baudelaire, aussi, des chaudes et humides soirées d’été. «…Voir se pencher les défuntes années / sur les balcons du ciel, en robes surannées.» On évoquera la présence obsédante et douce des daguerréotypes; et, parfois, Atget, devant ces endroits où, comme le disait Walter Benjamin, nous avons l’impression d’être l’assassin revenu attiré par le lieu du crime. Mais celui qui me revient le plus en mémoire c’est le grand aquafortiste Charles Méryon, ses ciels angoissés et ses vieux murs qui en ont tellement vu, hantés de tant d’histoires et de tant de jours gris.